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Face à la crise du logement et aux défis environnementaux, une nouvelle tendance résidentielle voit le jour : les espaces partagés. Cette approche innovante repense l’habitat en favorisant la mixité sociale, la mutualisation des ressources et la convivialité. Décryptage de ce phénomène en pleine expansion.
Les origines des espaces partagés
C’est dans les années 1960 que l’idée d’espaces partagés commence à émerger en Europe du Nord, notamment au Danemark, sous l’appellation de « cohousing ». Le concept est simple : plusieurs familles ou individus décident de vivre ensemble dans un même ensemble résidentiel, tout en conservant leur propre logement privatif. Les parties communes sont quant à elles gérées collectivement et permettent aux habitants de partager certaines activités et services (buanderie, ateliers, jardins…).
Aujourd’hui, ce modèle se développe rapidement dans de nombreux pays et séduit une population variée : jeunes actifs en quête de flexibilité, familles souhaitant bénéficier d’un cadre de vie plus convivial ou encore seniors désireux de rompre l’isolement. Plusieurs types d’espaces partagés existent désormais, allant des colocations intergénérationnelles aux habitats participatifs en passant par les résidences étudiantes ou les éco-hameaux.
Les avantages des espaces partagés
Le principal atout des espaces partagés réside dans leur capacité à réduire les coûts liés au logement. En mutualisant certaines dépenses (loyer, charges, entretien…), les habitants peuvent en effet réaliser d’importantes économies tout en bénéficiant de services et d’équipements de qualité. Selon une étude menée par le réseau Cohousing France, les résidents de ce type d’habitat dépensent ainsi en moyenne 20% de moins que ceux vivant dans un logement traditionnel.
Mais les avantages ne s’arrêtent pas là : en favorisant la mixité sociale et intergénérationnelle, les espaces partagés permettent également de tisser du lien entre les habitants et de lutter contre l’isolement qui touche certaines catégories de population (personnes âgées, célibataires, etc.). A titre d’exemple, une étude publiée dans la revue Social Science & Medicine a montré que les personnes vivant en cohousing étaient plus satisfaites de leur vie sociale et présentaient un niveau de stress moins élevé que celles vivant seules ou en couple.
Enfin, les espaces partagés sont souvent associés à une démarche environnementale, qu’il s’agisse de favoriser la construction écologique, d’encourager les pratiques durables (tri des déchets, compostage, autopartage…) ou encore de préserver la biodiversité. Plusieurs études ont ainsi démontré que la consommation d’énergie et d’eau était généralement moins élevée dans ce type de logements, contribuant ainsi à réduire l’empreinte écologique des résidents.
Les défis à relever
Certes, les espaces partagés présentent de nombreux atouts, mais ils posent également plusieurs défis. Le premier d’entre eux concerne la gouvernance : comment organiser la prise de décision et la gestion des parties communes ? Quel statut juridique adopter ? Comment prévenir les conflits ? Autant de questions auxquelles les habitants doivent répondre pour assurer la pérennité du projet.
Le deuxième défi est lié au financement. Si les espaces partagés permettent de réaliser des économies à long terme, leur mise en place nécessite souvent un investissement initial important, notamment pour financer l’achat ou la construction des logements et des parties communes. L’accès au crédit peut parfois s’avérer difficile, en particulier pour les ménages modestes ou les personnes sans apport personnel.
Enfin, le développement des espaces partagés implique également une adaptation du cadre législatif et réglementaire. Car si certains pays comme la Belgique ou l’Allemagne ont déjà adopté des lois spécifiques pour encadrer ce type d’habitat, d’autres comme la France sont encore en phase de réflexion. Des initiatives telles que le label national « Écoquartier » ou le plan « Action Cœur de Ville » témoignent toutefois d’une prise de conscience croissante des enjeux liés à cette nouvelle forme de résidence.
Un modèle d’avenir ?
Malgré les défis qu’ils posent, les espaces partagés semblent avoir un bel avenir devant eux. Selon une étude de l’Observatoire national de l’habitat participatif, leur nombre aurait ainsi doublé en l’espace de cinq ans, passant de 500 projets en 2014 à près de 1000 en 2019. Parallèlement, plusieurs acteurs institutionnels et privés se sont emparés du sujet, à l’image des bailleurs sociaux qui développent désormais des offres dédiées ou des promoteurs immobiliers qui intègrent ces principes dans leurs programmes neufs.
Cette tendance s’explique notamment par la prise de conscience grandissante des enjeux environnementaux et sociaux auxquels notre société doit faire face. Comme le souligne Anne-Sophie Pélissié, présidente du réseau Cohousing France : « Les espaces partagés répondent à un besoin criant de changement dans nos modes de vie et d’habitat. Ils permettent non seulement d’économiser des ressources et de favoriser la solidarité entre les générations, mais également de repenser notre rapport au territoire et à la nature ».
Ainsi, si les espaces partagés ne représentent encore qu’une infime partie du parc résidentiel français, il est fort à parier qu’ils joueront un rôle majeur dans la construction des villes et des territoires de demain. Un modèle à suivre de près, donc, pour tous ceux qui souhaitent inventer l’habitat du XXIe siècle.